C’est l’histoire d’un con….
…qui se promène au salon de l’agriculture. Les images ont fait le tour de la planète, ou presque. Un président de la République qui insulte publiquement un citoyen. Et des hommes politiques qui, en croyant le défendre, dévoilent leur propre turpitude. C’était à l’approche du printemps 2008. Tout cela avait débouché sur ces notes.
Sarkozy : le bras d’honneur permanent
Un appel à la vigilance républicaine a été lancé il y a quelques jours par différentes personnalités dénonçant le risque d’une dérive vers une forme de monarchie élective où le pouvoir serait concentré sur la personne du président de la République(1).
Quelques jours plus tard, ce même président insulte publiquement un citoyen qui refuse de lui serrer la main. La façon dont les proches du président ont essayé de justifier ce qui est par nature injustifiable frôle le pathétique. Deux exemples pitoyables avec Patrick Devedjian et Jean-Pierre Raffarin.
Devedjian croit ainsi déceler une contradiction entre le premier reproche d’une dérive vers une « monarchie élective » et le second reproche d’un « manque de majesté » dans l’insulte faite par Nicolas Sarkozy au visiteur du salon de l’agriculture. Défense de rigoler devant le télescopage des mots ; il paraît que Devedjian ne peut pas résister à ce genre de pseudo-boutade. On peut lui rappeler que nombre de petits roitelets autocrates sont tout à fait capables de faire preuve de la plus grande vulgarité. Et que, inversement, un simple paysan n’est pas nécessairement un goujat et peut posséder une grande noblesse d’âme.
Le jeu de mots de Devedjian n’est même pas drôle. Il ne fait finalement que souligner en creux les deux défauts critiqués. D’un côté, une concentration excessive des pouvoirs et, de l’autre, le sentiment de pouvoir agir à sa guise, en tous temps et tous lieux, d’une façon prétendument décomplexée. ça fait peuple d’insulter les autres ? Mais alors, quel mépris pour le peuple ! ça faisait, déjà, sans doute peuple d’aller passer les vacances sur le yacht d’un « ami » milliardaire…
Passons à Raffarin. Selon lui, Sarkozy aurait eu « une formule virile ». Ah bon ? Mais alors, il faut d’urgence remplacer Sarkozy par une femme. Ce type de défense où l’on essaye de racheter l’inexcusable en le couvrant d’une métaphore machiste censée évoquer une forme de courage ne fait qu’attiser la triste réalité. A savoir la couardise du président, sa lâcheté à se laisser aller à l’insulte. Cette posture est facile pour quelqu’un qui sait qu’une escouade de gardes du corps est prête à bondir pour ceinturer le premier malheureux qui, en réponse à l’insulte, pourrait se laisser aller à un « geste viril », une petite baffe par exemple.
Au fond, cet épisode est révélateur de l’attitude de Nicolas Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir. Sarkozy est dans la transgression permanente. C’est sur cette image de « parler vrai » de « transgresseur des tabous » qu’il a gagné, au moment de l’élection présidentielle de 2007, une partie de l’opinion publique lasse de la langue de bois des hommes politiques. Avec la vulgarité qui le caractérise, cela se transforme aujourd’hui en un bras d’honneur permanent. Dur retour de bâton pour ceux et celles qui ont cru à ses promesses.
(1) Marianne, Vendredi 15 Février 2008