Fête (inter) nationale
Comme promis, aujourd'hui c'était la fête. Tout a d'ailleurs très bien commencé dès le petit déjeûner : des raviolis aux légumes, tout chauds, légèrement croustillants dessus et fondants à l'intérieur, avec une petite pointe d'amertume en finale (je penche pour des épinards ou quelque chose dans le genre), dans un petit square de Pékin. Oune délice ! Tout ça pour un yuan (dix centimes environ).
Deux cent mètres plus loin, dans le quartier hypertouristique, les mêmes raviolis (en moins bon), sont vendus dix fois plus cher. C'est ça la Chine d'aujourd'hui. On peut très bien vivre avec peu ou on peut se faire arnaquer dans les grandes largeurs.
Après, c'était séance déambulation. Direction la place Tian'Anmen encore jamais visitée un jour de fête nationale. Ceux qui ont déjà visité la Chine savent que sur les lieux touristiques, on trouve toujours énormément de Chinois. Ceux qui n'y sont jamais allés savent compter : les Chinois sont vingt fois plus nombreux que les Français. C'est énorme. Surtout quand on les met tous en congés au même moment. Car cette semaine, c'est la « semaine d'or » en Chine. Depuis quelques années, le gouvernement chinois cherche à faire marcher le commerce pour que les Chinois consomment, car le taux d'épargne des Chinois est le plus élevé du monde. Les américains s'endettent et les Chinois leur prêtent. C'est pas bon pour l'économie chinoise. Il faut un minimum de consommation intérieure. Alors il y a maintenant trois semaines de congés « réglementaires », dont la semaine de la fête nationale, évidemment. Tout ça pour dire, qu'il y avait la foule. Des flots de foule ininterrompue, comme on en voit rarement. Un premier exemple avec cette petite vidéo pirate (ce qui explique sa mauvaise qualité).
On se la refait un petit coup dans une version un peu différente, juste pour la petite brunette tout en bleu qui passe dans le champ avec sa voix d'ange (au départ, au loin, c'est la place Tian'Anmen, où déjà se massait la foule).
Pour ceux qui ne comprennent pas le chinois, la brunette-fliquette ordonne aux gens de rester derrière (houbian!) la barrière. Le langage des flics étant un langage universel ayant transcendé l'opposition multi-millénaire entre hommes et femmes, ça peut se deviner. Mais une explication peut aider quand on est un peu fatigué.
Ensuite, il fallait bien sûr se désintoxiquer. Alors direction les lacs, plus au nord, vers Houhai. Je vous la fais courte. Mais direction les lacs, à pied, c'est une petite heure de marche. Là, toujours beaucoup de monde (il faut pas rêver). Mais tout de même un peu plus de calme. Et, tout à coup, une petite musique pas tout à fait inconnue qui s'élève dans le ciel...
Oui, vous avez bien entendu, c'était l'Internationale. Quand on vient de marcher plusieurs heures, sans déjeuner et qu'on entend une petite musique aussi douce, que fait-on ? On va commander une bière fraîche au patron et on fait une pause. D'ailleurs, on ne le répétera jamais assez : les pauses c'est excellent pour la santé des travailleurs. Et les travailleurs ne sont jamais aussi productifs que lorsqu'ils sont en bonne santé. Moralité: il faut faire le plus de pauses possible, dans l'intérêt bien compris de tous, y compris des patrons. Car les travailleurs savent penser aux patrons, eux !
Retour à la zizique. Quand on partage quelques références communes, on fait vite ami-ami. C'est ce qui arriva. Et voilà le pierrôt qui se retrouve en face du saxophoniste à écluser quelques bières et à s'amuser en écoutant de la musique (si vous agrandissez la photo, vous remarquerez le regard torve, caractéristique du musicien de jazz).
Car ce qui lui avait plu, au musicien, c'est que j'écoutais sa musique, alors que les Chinois passaient sans presque s'arrêter juste pour prendre une photo et puis s'en aller. Avouez que c'est vexant. Quand on est musicien, on n'est pas mannequin. Même si on peut en concurrencer quelques-uns. Du coup, le musicien et moi on a fait l'attraction. Je ne sais pas s'ils ont déjà Edvige en Chine, mais à mon avis il y a un pierrôt qui commence à être repéré....