RETRAITES: POURQUOI IL FAUT EXIGER LE RETRAIT DU PROJET GOUVERNEMENTAL
Un court argumentaire pour donner envie de se battre pour le retrait du projet gouvernemental. Ce texte ne parle pas de plein de choses (le partage salaires/profits, les inégalités et les injustices, l'espérance de vie, la pénibilité,...) et il ne répond pas non plus aux contre-vérités du gouvernement. Il pointe seulement quelques raisons de fond de se battre pour le retrait du projet gouvernemental.
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Retraites
Pourquoi il faut exiger le retrait du projet gouvernemental
Pour garantir un niveau de vie satisfaisant à tous
Avec les contre-réformes apportées à notre système de retraite depuis plus de 20 ans, la paupérisation des retraités est déjà programmée. Dans 40 ans, la pension moyenne représentera moins de 45% du revenu par habitant, contre plus de 65% au début des années 1980. Le niveau des pensions retrouvera celui du début des années 1970 : à l’époque, 35% des retraités étaient pauvres.
Pour le gouvernement, ce n’est pas assez. Il faut encore approfondir cette régression en reculant les âges légaux de la retraite de 60 à 62 ans et de 65 ans à 67 ans. Ce qui accentuera encore la précarité des personnes âgées qu’il faudra bien, d’une façon ou d’une autre, prendre en charge, notamment avec un surcoût d’indemnisation du chômage.
Il est pourtant tout à fait possible, non seulement de préserver le niveau de vie de tous, mais aussi de l’élever. Dans 40 ans, la population française aura augmenté de 12% sous l’effet du vieillissement. Pour maintenir le niveau de vie moyen et financer les retraites, il suffit d’une croissance de 0,3% par an. Rien d’impossible, même sans être un productiviste forcené. La croissance annuelle moyenne des 20 dernières années a été supérieure à 2% (2,2% environ) jusqu’à la crise financière de 2008. Dans les scénarios plus pessimistes du COR (Conseil d’orientation des retraites), elle serait d’environ 1,8%, ce qui permettrait d’augmenter le niveau de vie de tous (actifs et retraités) de 35% en 20 ans et de plus de 80% en 40 ans.
Pour travailler tous et vivre mieux
La retraite n’est pas seulement un revenu, c’est aussi un temps libéré qui permet d’organiser son activité en dehors de la subordination salariale et …de vivre plus longtemps. La retraite est une des formes majeures de réduction collective du temps de travail. C’est pourquoi elle possède une grande force émancipatrice. « Sauvegarder la retraite en travaillant plus », comme le martèle le gouvernement, est un non sens et une véritable supercherie.
Le patronat a toujours été farouchement opposé à toute forme collective de réduction du temps de travail (RTT). Il sait très bien récupérer des hausses de salaire en trompe l’œil, mais il a beaucoup plus de mal à reprendre le temps gagné par les salariés par les RTT collectives (durée hebdomadaire, congés, retraite). Contrairement à ce qu’assène l’idéologie libérale, il ne s’agit pas d’être pour ou contre la RTT. Celle-ci s’étale chaque jour sous nos yeux dans sa version patronale, avec le chômage et le sous-emploi, qui en constituent les formes les plus violentes et inégalitaires et qui ne peuvent que gonfler avec le recul des âges de la retraite.
Avec son projet, le gouvernement veut imposer par un coup de force la volonté patronale. Préserver la retraite et la consolider est une nécessité, non seulement pour donner aux retraités un revenu satisfaisant, mais aussi pour aller vers une organisation collective du temps de travail qui permettrait à tous de travailler et de vivre mieux.
Pour stopper la spéculation financière et rompre avec la dictature des marchés financiers
Chacun le sait bien : le dépérissement de la répartition ne peut que conduire à accroître le poids de la capitalisation dans la prise en charge des vieux jours. Pourtant, les revenus de la propriété représentent déjà une part importante des ressources des retraités : près de 30% aujourd’hui. Pousser encore davantage ceux qui le peuvent à épargner pour la retraite ne peut que nourrir la spéculation financière et accélérer la venue d’une autre crise, probablement encore plus profonde que celle des dernières années. Maintenir et consolider notre système de retraite par répartition, c’est mettre un frein à cette spéculation mortifère.
L’hégémonie de la finance trouve aussi un puissant relais dans les agences de notation censées évaluer la solidité financière des différents pays. Le gouvernement ne s’en cache pas : avec sa réforme, il s’agit de « rassurer » les marchés financiers et de préserver une bonne notation dans ces agences. Un projet de société où les conditions de vie des travailleurs sont soumises aux diktats des marchés financiers n’est pas acceptable.
Pour consolider et élargir le socle des libertés
C’est le leitmotiv du gouvernement : il faut libérer le travail et encourager l’épargne individuelle. Mais ces libertés ont toujours existé ! Tous les salariés peuvent épargner… du moins s’ils en ont les moyens. Quant au travail, il est désormais possible dans le secteur privé de travailler jusqu’à 70 ans sans être mis à la retraite d’office et même, pour les retraités, de cumuler sans limite sa pension avec un revenu d’activité. Le seul problème, c’est qu’il n’y a pas d’emplois pour tous et qu’il s’agit là d’une liberté factice.
La grande nouveauté de la retraite - et de la protection sociale en général - c’est d’avoir ajouté à ces libertés individuelles la liberté collective des salariés de s’organiser pour assurer leur sécurité économique. Le gouvernement veut geler le financement de la retraite socialisée et interdire désormais aux salariés d’être solidaires. Le projet du gouvernement n’accroît pas les libertés, il les étouffe.
Pour toutes ces raisons, le retrait du projet de loi est nécessaire. La démocratie ne se résume pas au fait de glisser un bulletin dans une urne tous les cinq ans. Elle vit aussi par l’expression directe des citoyens.
Contrairement à ce que martèle le gouvernement, il n’y a aucune nécessité économique ni démographique à étouffer la retraite par répartition. Il s’agit d’un choix de société fondamental, car la société ne se résume pas à une collection d’individus. Elle se construit par des solidarités collectives.
La bataille des retraites est emblématique de cet enjeu car elle se situe au cœur des questions de partage des revenus et du travail. Dans la crise financière actuelle, consolider le système de retraite, c’est aussi affirmer la supériorité de la démocratie face aux diktats des marchés financiers.