Le revenu de solidarité active accélérera-t-il le retour à l'emploi?
C'était la question posée par le journal La Tribune, pour leur rubrique Forum. Evidemment, j'avais l'étiquette du Non. Vous pouvez économiser 1,20 euro en lisant ma réponse ci-dessous. En face, dans le camp du Oui, il y avait Dominique-Jean Chertier, ancien directeur général de l’Unedic entre 1992 et 2002, ancien conseiller de Raffarin, futur président de "France Emploi", le machin qui devrait sortir de la fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC. Sa réponse sera mise en ligne quand j'aurai récupéré une version électronique.
Evidemment, la question posée n'est pas une bonne question. Cela laisse en effet entendre que le problème du chômage (pardon de la reprise d'emploi) est lié aux incitations financières, ce que démentent toutes les études. Il faut être déconnecté des réalités sociales pour penser cela. Pour ceux qui ont l'oeil aiguisé, ils peuvent essayer de retrouver dans le texte la phrase mise entre guillemets au début de ma réponse. Comme on dit, les intertitres snt de la rédaction. Vous pouvez oublier les guillemets.
Evidemment, la question posée n'est pas une bonne question. Cela laisse en effet entendre que le problème du chômage (pardon de la reprise d'emploi) est lié aux incitations financières, ce que démentent toutes les études. Il faut être déconnecté des réalités sociales pour penser cela. Pour ceux qui ont l'oeil aiguisé, ils peuvent essayer de retrouver dans le texte la phrase mise entre guillemets au début de ma réponse. Comme on dit, les intertitres snt de la rédaction. Vous pouvez oublier les guillemets.
Réponse parue dans La Tribune du vendredi 29 août 2008
"Il ne répond pas au problème de fond du marché du travail"
"Il ne répond pas au problème de fond du marché du travail"
Actuellement, contrairement à ce que martèle Martin Hirsch, toute reprise d’emploi - même à temps partiel - se traduit par un gain financier grâce à un dispositif temporaire d’intéressement qui existe de longue date dans le RMI et qui se maintient pendant plusieurs trimestres. Une fois ce dispositif terminé, le gain reste important pour un emploi à temps complet, même au salaire minimum. Ce n’est pas nécessairement le cas si l’emploi repris est à temps partiel. Contrairement à un certain discours, ces emplois précaires ne sont pas des marchepieds vers des emplois plus durables et plus rémunérateurs. Les Rmistes qui reprennent de tels emplois à temps partiel pourraient très bien travailler davantage. Un sondage commandé par Martin Hirsch et publié fin 2007 le rappelait : « La majorité des Rmistes n’attend qu’un emploi pour sortir de l’assistance ». Le problème majeur est qu’il n’y a pas d’emploi pour tous. Et cela n’est pas lié à un coût du travail qui serait « trop élevé » comme le montre clairement l’échec de la politique, pourtant massive, d’exonération des cotisations sociales.
Même si personne ne connaît aujourd’hui les contours précis du RSA (ce qui limite la qualité du débat démocratique sur ce sujet), il est certain qu’il ne changera rien à cette situation. Il incite au contraire les employeurs à la multiplication de ces emplois précaires en les subventionnant indirectement encore davantage. C’est la version libérale du plein emploi : on partage le chômage en favorisant la multiplication de ces miettes d’emploi. Le rapport Hirsch de 2005 prévoyait, en revanche, de prendre des mesures pour limiter l’importance du temps partiel. Ces garde-fous n’existent plus.